2007, l’année de la guerre

Alain Jean-Mairet

On croit volontiers en Europe que la Finul, la Force intérimaire des Nations Unies au Liban, a pour mission d’assurer la paix au Liban. C’est inexact.

Pour l’instant, cette force fournit des soins médicaux et dentaires aux habitants du Sud Liban, c’est-à-dire aussi, et même probablement essentiellement, aux membres du Hezbollah, puisqu’ils sont tous camouflés en civils, mais elle ne fait rien pour assurer la paix. Pas un geste. Ce n’est d’ailleurs pas non plus sa mission: la résolution qui fonde sa présence actuelle sur le terrain ne mentionne tout simplement pas le Hezbollah dans ses instructions. Le principal fauteur de trouble n’est pas censé exister pour elle.

En revanche, les responsables des troupes françaises de la Finul font tout leur possible pour empêcher Israël, non seulement de prévenir le réarmement du Hezbollah au Sud Liban, mais aussi de recueillir des informations sur ce réarmement.

Ainsi:

Selon les derniers renseignements obtenus par les forces de défense, au cours des quatre mois écoulés depuis la guerre, le Hezbollah a reçu des convois d’armements comportant des missiles à courte porte, des missiles anti-char et des missiles à longue portée. La plupart des convois sont parvenus au Liban depuis la Syrie de nuit.

Et:

Les «réserves naturelles» du Hezbollah - des réseaux de galeries souterraines et de bunkers utilisés comme cachettes par les membres de la guérilla - sont toujours en service du Sud Liban, en dépit de la présence renforcée de la Finul et des Forces armées libanaises au sud de la rivière Litani. Ces zones sont considérées comme des «aires militaires fermées» pour la Finul et l’armée libanaise et servent de centres d’entraînement pour le Hezbollah ainsi que d’entrepôts d’armes et de roquettes.

Relevons ici une nouvelle fois ce que chacun est censé savoir, soit que le Hezbollah du Sud Liban, une force militaire capable de contrer l’armée israélienne, et non les résistants à la bonne franquette dépeints par la TSR, a construit des abris uniquement pour ses combattants, laissant ses civils se satisfaire de la promesse de rejoindre le paradis des martyrs et de l’assurance de grossir des statistiques accablantes pour leur ennemi. Un calcul très efficace, aussi longtemps que nos politiciens et nos opinions publiques ne le comprendront pas aussi.

De sorte, finalement, que rien n’est fait, par les partisans affichés de la paix, pour éviter que 2007 ne devienne bel et bien l’année de la guerre:

Selon les évaluations prospectives des services de renseignement militaires (israéliens), la probabilité est élevée qu’Israël doivent se battre sur au moins deux fronts l’an prochain - l’un contre l’armée du Hamas en formation dans la bande de Gaza et l’autre contre le Hezbollah, qui travaille d’arrache-pied à reconstituer ses forces après la guerre de cet été.

«Au moins deux fronts», en effet, car si les ennemis déclarés d’Israël peuvent se permettre de préparer ainsi l’affrontement sous les yeux bienveillants de l’Occident, nul doute que cela incitera certains de ses faux alliés à vouloir profiter de la curée.