Mardi 30 octobre 2007 à 13:24
Lors de son discours d’ouverture de la session d’hiver à la Knesset, le Premier ministre Ehoud Olmert avait annoncé "qu’Israël devra faire des concessions douloureuses pour mener à bien le processus de paix".
Une allusion au sort de Jérusalem, sujet en tête de liste des négociations avec les membres de l’Autorité Palestinienne.
"Nous sommes prêts à soutenir un plan de division de Jérusalem.
C’est une question essentielle qui doit être abordée dans la déclaration commune israélo-palestinienne, déclaration qui sera présentée ensuite aux États-Unis le 25 novembre prochain" avait quand à lui déclaré Haïm Ramon, vice Premier ministre, à la sortie du conseil des ministres du 7 octobre dernier.
En échange, les Palestiniens devaient s’engager à reconnaître l’existence et la souveraineté d’Israël dans les quartiers juifs de la ville.
Un compromis qui a suscité plus d’une controverse.
Lundi 29 octobre, le maire de Jérusalem, Uri Lupolianski, a annoncé lors d’une conférence de presse, que toutes négociations se rapportant à une éventuelle division de la ville, pouvaient être comparées à une "éviscération".
"On ampute la ville d’une partie qui est essentielle à sa survie" a-t-il souligné.
Déjà à l’issue des déclarations du vice Premier ministre, le ministre des Transports, Shaoul Mofaz avait déclaré que ces propos portaient préjudice à Israël, "à la fois pour sa sécurité mais également pour son statut national".
"Lorsque les troupes israéliennes ont pris le contrôle du Mont du Temple, après la Guerre des 6 jours, c’est un moment d’émotion intense qui est gravé dans la mémoire collective des Israéliens. Nous devons dire clairement, au milieu de toute cette agitation, que Jérusalem restera pour toujours la capitale éternelle de l’Etat d’Israël" a ajouté le ministre de l’Immigration, Yacob Edery.
Une position en faveur de laquelle les jeunes juifs américains se sont engagés de manière organisée.
18 organisations juives américaines se sont en effet fédérées, afin d’empêcher le partage de la ville sainte.
Cette organisation intitulée 'Jeune Israël' rappelle que "Jérusalem appartient à tous les juifs, mêmes ceux qui ne vivent pas en Israël".
Selon son vice-président, le rabbin Pesach Lerner, "remettre en question l’indivisibilité de Jérusalem pourrait conduire à la perte pour l’Etat Hébreu, d’une grande partie de son contrôle sur Jérusalem".
Il a ainsi appelé les dirigeants de toutes les communautés juives du monde à s’unir pour s’opposer à la tenue de telles négociations.
"Jérusalem fait partie de l’héritage juif depuis plus de 3000 ans" a-t-il rappelé.
Pourtant, certains membres de la sphère religieuse juive orthodoxe américaine ont pris leur distance avec ce combat.
C’est le cas du rabbin Kanefsky, qui a déclaré publiquement dans les colonnes du "Los Angeles Times" que sa communauté était prête à envisager une possible partition de Jérusalem, si elle permettait de parvenir à une paix durable avec les Palestiniens.
Le rabbin Kanefsky était déjà connu pour ses idées novatrices et surprenantes.
Il a cette fois tenu à souligner qu’aucun accord de paix n’aboutira si les Israéliens et les Palestiniens refusaient d’admettre qu’ils ont commis des erreurs au cours des 40 dernières années, notamment "l’occupation de la Bande de Gaza ou de la Judée Samarie après 1967".
"Il est temps que le slogan "Jérusalem : capitale indivisible et éternelle d’Israël" soit remis au goût du jour" a-t-il conclu.
Des déclarations pour le moins fracassantes.
Le rabbin conservateur Harold Schulweis a cependant applaudi l’initiative de Kanefsky.
"C’est un visionnaire. Il a fait preuve de beaucoup de courage et d’esprit pour oser briser un tel tabou et j’espère que son article ouvrira un vrai débat" a-t-il déclaré.
L’union des congrégations juives orthodoxes d’Amérique s’est elle déjà attelée à la rédaction d’un plan d’action complet "qui fera appel aux membres de nos communautés, afin qu’ils nous aident à lutter contre ceux qui veulent la partition de Jérusalem".
Dans les semaines à venir, les leaders de l’organisation "Jeune Israël" rencontreront les membres du Congrès américain ainsi que les conseillers de la Maison Blanche, afin de leur exposer le problème actuel.
Ils espèrent ainsi gagner leur soutien.
Un soutien qu’ils ont déjà réussi à obtenir de la part de la communauté chrétienne évangélique américaine, qui s’oppose fermement à la partition de la capitale israélienne.
Côté israélien, le ministre des Affaires Stratégiques, Avigdor Lieberman, a proposé qu’Israël indique clairement sa position sur la division de Jérusalem avant la conférence de paix d’Annapolis.
"La souveraineté israélienne sur les quartiers de la vieille ville est une chose qui n’est pas négociable. En revanche, il n’est pas exclu que l’Etat Hébreu cède certaines localités aux alentours de Jérusalem, qui sont une charge plutôt qu’un atout pour le pays".
Un débat qui n’est pas prêt de susciter l'unité...