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  • : Israël, ce pays qui pousse l'individu à la recherche de lui-même. Un voyage de retour vers l'Histoire, vers sa propre Histoire.
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Pour ne pas oublier que ce qui se passe à Sderot a commencé par l'évacuation du Goush Katif.


Evacuation de Névé Dékalim en 2005
5 juin 2007 2 05 /06 /juin /2007 06:57
Israël Hasson - Arouts Sheva

3 514 000 000 de shekels - non, ce n'est pas une erreur d'imprimerie : trois milliard, cinq cents quatorze millions de shekels ont été transférés à l'Autorité palestinienne sous forme de remboursements d'impôts et de TVA et ce, uniquement pour l'année 2005, avant la réalisation du plan de séparation unilatéral.


Mais l'été 2005, nous «sommes sortis de Gaza» Le problème est qu'en 2006, nous avons transféré 3 377 000 000 de shekels à l'Autorité palestinienne, presque autant qu'avant le "désengagement" Ce n'est qu'un exemple et ce n'est bien sûr pas le seul. Une fois "séparés", nous avons continué de fournir aux Palestiniens l'électricité et l'eau et de leur donner du travail. Qu'avons-nous reçu en échange ? Une "aube" nouvelle; une aube rouge sang.


Alors que les missiles continuent de tomber sur Sdérot, il est temps de se demander honnêtement si la vision sioniste signifie la création d'un état palestinien à tout prix ? Le Hamas est-il un partenaire avec lequel nous pouvons envisager une coexistence à long terme ou souhaite-t-il plutôt nous éliminer progressivement ? Les citoyens d'Israël et en particulier ceux qui résident à la frontière nord et à celle du sud, devront-ils payer éternellement le prix des caprices du Liban et des Palestiniens, qui abritent des organisations d'assassins souhaitant nous éliminer ? Sommes-nous vulnérables au point d’être censés accepter la situation telle qu'elle se présente et de continuer d'être nos propres otages de notre plein gré ?


Non. Vraiment non. Nous n'avons pas le droit historique, national ou moral envers nos enfants, de maintenir cette situation telle quelle et de mettre en réel danger l'avenir du seul état du Peuple juif.


Depuis le début du processus d'Oslo, l'Etat d'Israël s'est volontairement engagé de façon innocente et honnête, à assumer la responsabilité directe de la résolution du problème palestinien, alors que la majeure partie du monde arabe s'emploie à miner tout éventuel arrangement, en attisant la haine et en plaçant ouvertement des obstacles. Le summum de la naïveté fut le plan de "séparation" unilatéral, dans le cadre duquel nous nous sommes expulsés et dont nous payons les conséquences jusqu'à ce jour.


Eh bien, aujourd'hui, après 14 ans, il est temps de changer de stratégie pour régler ce problème.

Le "peuple" palestinien doit comprendre que le choix continu de la voie du terrorisme et dernièrement, de l'élection du Hamas et de l'Iran pour dirigeants, se paie cher sur le plan diplomatique, économique et sécuritaire. Les Palestiniens doivent réaliser qu'ils sont en train de perdre leurs dernières chances de réaliser leur rêve de créer un état palestinien en Judée, en Samarie et dans la bande de Gaza avec un passage sûr par l'Etat d'Israël. Le monde arabe ferait bien de se rendre compte que les conséquences du problème palestinien finiront par retomber sur lui et que la collection de marionnettes vampiriques auxquelles il a lui-même donné forme, dont le Hamas et le Hezbollah, finiront par se retourner contre leur créateur et le mèneront à sa perte.


Je compte sur tous ceux qui ont soutenu le plan de désengagement pour qu’à présent, ils soutiennent de même le "vrai plan de désengagement" qui constituera un tournant stratégique, et pour qu’ils votent en faveur d'une réelle séparation entre l'ami et l'ennemi. Nous n'avons rien à chercher à Gaza? Eh bien, Gaza non plus n'a rien à chercher chez nous.


L'auteur de cet article est député de la Knesset sur la liste d’Israël Béteynou et ancien adjoint du chef du Chabak.
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5 juin 2007 2 05 /06 /juin /2007 06:56

Vu sur Tsedek :

D'après une étude sur le patriotisme du Centre Interdisciplinaire de Hertzlya,

77% des Israéliens sont fiers de leur pays (44% pour les Israéliens arabes qui constituent près de 20% de la population)),

97% d'entre eux sont fiers des performances technologiques,

86% le sont des forces de sécurité,

38% le sont de la démocratie

22% seulement du système de sécurité sociale (contre 53% des Arabes).

94% des Israéliens sont prêts à se battre pour le pays s'il y a une guerre, mais seulement 27% des Arabes israéliens.

Néanmoins 77% de ceux-ci pensent qu'il fait meilleur de vivre en Israël qu'ailleurs contre 66% des Juifs !"

On comprend mieux pourquoi les palestiniens insistent pour le droit au retour. Ils se sentent tout simplement mieux en Israël que n'importe où ailleurs, même l'état palestinien !

Plaisanterie mise à part, il serait utile que cette complexité des opinions publiques, en particulier arabe israélienne soit mieux répercutée dans les médias français où un palestinien est forcément opprimé, anti-israélien hystérique et "enfermé" à Gaza ou derrière le "mur".

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5 juin 2007 2 05 /06 /juin /2007 06:54
Pr. Boaz Kaminsky - Arouts Sheva

1- Il n’y a pas de solution immédiate aux tirs de Kassam…

2- Intervenir aujourd’hui à Gaza serait faire le jeu du Hamas…

3- Jonathan Polard ? Nos otages à Gaza et au Liban ?

4- Les tentatives d’inculper nos soldats dans des tribunaux étrangers

5- Plus de rappel du massacre des athlètes israéliens à Munich lors des cérémonies olympiques…

6- La politique de retenue lors de la guerre du Golfe no 1…

7- Renonciation au tombeau de Joseph… les concessions du mont du Temple…

8- la police palestinienne garante de l’arrêt des attentats suicide…

9- Le prix Nobel main dans la main avec Arafat

10- La ligne Bar Lev



Dressé en colonne, c’est impressionnant. La liste est, de surcroît, loin d’être exhaustive. Mais les petits virages loupés, les conceptions erronées, les silences coupables, les actes manqués, il y en a finalement dans tous les pays, y a-t-il lieu d’en faire un drame ? Et puis si les résultats sont pitoyables parfois, les intentions des dirigeants étaient sans doute pures. Peut-on les juger à distance, loin des commandes du pays, loin du contexte qui prévalait à l’époque, loin du poids des pressions internationales ?

Probablement pas.

Mais se taire n’est pas une solution non plus. Il y a le devoir envers les vivants et les survivants, envers les blessés dans leurs corps ou dans leurs têtes. Le devoir envers les morts aussi. Mais surtout le devoir imprescriptible envers le peuple juif dans son ensemble. Au Proche-Orient se taire est un luxe. Qui se paye en vies humaines. Se défendre en balbutiant en est un autre. L’armée de défense d’Israël a toujours prôné l’attaque comme étant le meilleur moyen pour survivre dans la région la plus dangereuse du monde. Faire la guerre sur les terres du voisin, le plus vite possible, avec tous les moyens du bord. Garder les civils le plus loin possible du conflit, chaque famille étant déjà assez impliquée par l’envoi de ses enfants sur le front. Et pleurer ses morts longuement, mais après, pas pendant. Quand Shamir décide de la politique de la retenue face aux tirs de scuds irakiens, il nous apprend à nous cacher dans des abris. La ligne Bar Lev nous a enseigné qu’on peut compter sur des fortifications pour se protéger de l’ennemi. On veut recouvrir aujourd’hui les maisons de Sdérot d’un blindage d’acier pour assurer une sécurité minimale à ses habitants. On recrutera les meilleurs avocats, demain, pour défendre nos soldats à qui on interdira de visiter l’Europe, pour éviter l’offense qui les attend dans les pays éclairés : une inculpation pour « crimes contre l’humanité ». Quand on donne sans contrepartie le tombeau de Joseph, quand on se plie aux exigences islamiques sur le mont du Temple, alors il se trouvera toujours une belle âme pour expliquer que ce n’est pas grave, qu’on ne sacrifie pas des vivants pour des ossements saints ou pour de vieilles pierres. Et de concessions en concessions, de recul en recul, de gifle en humiliation, on ne change pas seulement l’Etat d’Israël en un état serpillière, on donne envie à tous les antisémites du monde de nous gifler à pleines mains.

On parle souvent des problèmes de la communication israélienne. On achemine, pour justifier Tsahal, des carcasses de bus noircies pour démontrer au monde l’horreur des attentats suicide. On fait étalage des malheureux habitants du Nord qui ont tout perdu. Ou bien on embarque encore des parents d’otages israéliens à destination de pays où on fustige systématiquement nos actes, pour exposer combien nous sommes nous aussi des victimes. Mais les pleurnicheries et les lamentations n’apaiseront pas la haine. Car le problème est avant tout d’ordre moral. Celui qui laisse Jonathan Pollard croupir dans une prison alliée, ne fera jamais assez pour ses soldats enlevés. Celui qui recule à Naplouse reculera aussi à Jérusalem, malgré les prouesses de sa rhétorique. Celui qui laisse sa sécurité dans les mains américaines ou palestiniennes a renoncé depuis longtemps à exercer son droit naturel à l’autodéfense, quoiqu’il en dise. Celui qui laisse le comité olympique cracher sur le devoir de mémoire du Monde, ne doit pas s’étonner de devoir tirer son mouchoir pour s’essuyer le visage bientôt aux quatre coins de la planète.

Je me défends donc je suis, disait Herbert Pagani dans son plaidoyer pour ma terre.

Je me défends donc je prends l’initiative ! C’est le nouveau mot d’ordre !

Dès aujourd’hui. Sur tous les fronts. Avec tous les moyens. Militaires, artistiques, scientifiques, intellectuels, politiques ou théologiques.

Et tous ensemble. C’est une question de vie ou de mort.

Les débats, nous les ferons plus tard. Après la victoire.
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5 juin 2007 2 05 /06 /juin /2007 06:30

Raphael Aouate - Arouts Sheva

 

Même si les sondages n’ont qu’une valeur relative, leurs résultats sont néanmoins instructifs. Un sondage récent rappelle notamment que d’autres retraits unilatéraux sont fortement refusés par une majorité d’israéliens.

Les événements récents ayant secoué notre pays, notamment les plus récents à Sdérot, semblent faire pencher l’opinion publique un peu plus à droite que de coutume. Un sondage de l’institut Dahaf, sous la supervision du Dr. Mina Tsémah, a été présenté il y a quatre jours (jeudi 31 mai dernier) sur la chaîne de télévision Arouts Haknésset (chaîne parlementaire).

 

Il en ressort que 53% des citoyens israéliens s’opposent à des concessions territoriales en faveur des palestiniens, même dans le cadre d’un accord de paix.

46% soutiendraient une telle initiative. Lorsqu’il est question d’une restitution éventuelle du Golan en échange de la paix, une forte majorité : 68% s’y opposent catégoriquement. Seuls 31% y souscriraient. Une autre question, étudiée par Mina Tsémah : « En cas de référendum national sur un démantèlement unilatéral en Judée Samarie, voteriez-vous pour ou contre ? » a révélé les données suivantes : 71% des personnes interrogées ont répondu négativement, 22 de façon positive.


Sur un autre plan, celui de la souveraineté de Jérusalem, notamment pour le Mont du Temple, 46% seraient prêts à un contrôle commun, arabo israélien, de cette zone, 7% sont d’accord sur un contrôle palestinien total et 46% pour le maintien d’un contrôle exclusivement israélien.

Il semble toutefois que le Mur des Lamentations ou Kotel Hamaaravi trouve davantage grâce aux yeux et au cœur de la population puisque plus de 85% souhaitent le voir maintenu entre les mains des israéliens uniquement. Aucune voix ne s’est d’ailleurs élevée en faveur d’un contrôle entièrement palestinien du Kotel.


En matière de popularité et d’importance, il apparaît que le tombeau de Rachel à Bethléem soit lui aussi en bonne position. 57% sont opposés à un abandon de ce site aux palestiniens.


Pour ce qui concerne le Caveau des Patriarches ou Méarat Hamahpéla situé à Hévron, berceau spirituel et site où reposent Avraham, Itshak et Yaacov, 47% des israéliens s’opposent à des concessions contre 41% d’accord sur un principe de contrôle partagé entre palestiniens et israéliens.


Dernière et très intéressante question posée dans cette enquête : « Est-ce que la reconquête des territoires pendant la Guerre des Six Jours a contribué à améliorer ou à dégrader la situation d’Israël ? », 51% des personnes interrogées pensent que cette guerre à amélioré la situation contre 29% seulement qui pensent qu’elle l’a dégradé.

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5 juin 2007 2 05 /06 /juin /2007 06:16

Boaz Haetsny - Arouts Sheva

La ligne rouge minimale de sécurité est loin derrière nous.

«Les frontières de 1967 ne sont qu’une étape vers l’élimination de l’entité sioniste… Si nous nous étions retirés des territoires, des Kassams seraient depuis longtemps tombés sur l’aéroport de Ben Gourion et nous auraient coupés du monde…Nous n’avons pas d’où nous séparer et nous n’avons pas où nous regrouper, à cause de la nécessité de préserver l’existence d’Israël»

 

Ces propos extrêmement clairs ont été prononcés il y a quelques jours par Tommy Lapid dans le cadre d’une émission hebdomadaire radiophonique.


A présent, il est clair que même s’il fut un temps où il y avait des marges territoriales auxquelles il était possible de renoncer pour faire une expérience de paix et de sang, aujourd’hui, ce n’est plus le cas et la ligne rouge minimale de sécurité est bien loin derrière nous.


Alors qu’à droite, nous n’avons pas attendu les attentats, les tirs de Kassams au sud et les katiouchot au nord, pour connaître par avance les résultats des «processus diplomatiques» et de toutes sortes de retraits, d’autres ont eu «besoin» des 1 500 morts de la guerre d’Oslo, de la guerre au nord, de la montée du Hamas au pouvoir et du fiasco de Gaza, pour se rappeler comment ça marche au Moyen-Orient.


C’est ainsi que s’est fait le changement chez Tommy Lapid qui soutint ardemment la «séparation unilatérale» autrefois. C’est ainsi également que l’ancien chef de l’état-major Buggy Yaalon a compris qu’un état palestinien signifierait la fin de l’Etat d’Israël, dès qu’il prit connaissance de renseignements secrets. Tout individu normalement constitué finit par tirer les mêmes conclusions, quelles que soient ses opinions et ses tendances politiques, s’il veut continuer de vivre ici.


Mais il s’en trouve encore quelques-uns uns qui continuent d’agir afin de rétrécir l’Etat aux lignes de 1967 «les frontières d’Auschwitz» telles que l’ancien ministre des Affaires étrangères Abba Eban z".l. les appelaient. Il représentait la gauche dans le gouvernement d’après la Guerre des Six jours, mais il était beaucoup plus lucide que l’actuelle ministre des Affaires étrangères.


Les journalistes et les politiciens qui agissent sans relâche pour l’abandon du Plateau du Golan et de la Judée-Samarie, sont incapables d’expliquer ce qui empêchera les Arabes de recevoir des armes d’Iran. Ils n’ont pas de réponse à la question : comment empêcher les bombardements de dizaines de milliers de missiles sur le centre du pays ? Comment des avions réussiront-ils à s’envoler de l’aéroport de Ben Gourion et des bases de l’Armée de l’Air ? Et vers où pourrons-nous nous enfuir de cet enfer ? De même, ils sont incapables de dire comment nous comblerons la perte de 70% de la réserve d’eau de l’Etat dont la source se trouve sur le Plateau du Golan et en Samarie.


A l’époque, la paix était le prétexte aux retraits, jusqu’à l’effondrement des accords d’Oslo il y a sept ans, alors qu’ils étaient tout à fait mutuels. Ils ont été signés avec faste sur les pelouses de la Maison blanche et leurs instigateurs, qui ont reçu le Prix Nobel, n’ont pas pensé à le restituer et à présenter leurs excuses aux familles endeuillées par leur faute.


Les retraits unilatéraux du Liban et de Gaza, qui ont fait empirer la situation de façon dramatique, ont eu lieu une fois que tout le monde avait compris que les illusions de paix étaient terminées…


Ceux qui continuent d’appeler au retrait, n’ont rien d’autre à proposer que le refrain débile, monotone et pathétique : «Occupation, occupation, occupation ! » Et en fait, ils appellent à abdiquer face aux Arabes. Ceux qui préparent le prochain retrait, ne croient plus en le droit légitime de l’Etat d’Israël à l’existence, ont perdu toute motivation à combattre pour l’existence même de l’Etat et cherchent d’autres alternatives.


Mais la grande majorité des Israéliens sont revenus de leurs illusions et veulent continuer de vivre ici, même si cela déplait aux Arabes.


Résumons : les riches barons gauchistes gâtés pourris qui règnent sur la politique et sur les médias, nous poussent actuellement au suicide après avoir tenté durant des années de nous convaincre du bien-fondé de l’ennemi, sachant que des abris les attendent à l’étranger. Ils ont même déjà pensé à la voie qu’ils emprunteront le moment venu : ils creusent pour «la pourriture suprême» un tunnel d’échappant des locaux du gouvernement. Ce tunnel coûtera un milliard de shekels, sur notre compte, bien entendu.


Nassrallah, qui nous surnomme «toiles d’araignées» et qui ne voit pas la situation en profondeur, ne fait pas la différence entre le peuple et la fine couche pourrie qui est au-dessus de lui et se réfère à ce que les médias racontent. Lui et les autres criminels du coin, risquent d’être surpris le jour où ils seront tentés de nous attaquer en se fiant à la faiblesse du pouvoir…

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1 juin 2007 5 01 /06 /juin /2007 06:38
Claire Dana Picard pour Arouts Sheva


Le ministre des Affaires stratégiques Avigdor Lieberman, leader du parti Israël Beteinou, proposerait un nouveau plan destiné à régler la question de Gaza et à mettre enfin un terme aux tirs incessants de roquettes qui pleuvent sans interruption sur le Néguev occidental.


Lieberman, exposant son projet, a déclaré qu’Israël devait priver d’électricité, d’eau et de carburant la population de la région, bombarder les quartiers résidentiels et autres bastions du terrorisme en riposte aux attaques de Kassam, et fermer tous les points de passage donnant accès à la bande de Gaza.


Dans le cadre de ce programme, Lieberman suggère de transformer ce secteur en "entité indépendante hostile" et de rompre tout lien avec le chef de l’AP Mahmoud Abbas (Abou Mazen). Israël interromprait tout contact avec la bande de Gaza, qui serait également coupée de la Judée-Samarie, et laisserait les forces de l’Otan et de l’Union européenne prendre le contrôle de la situation dans cette zone. En outre, le ministre estime qu’il faut interdire toutes les visites accordées aux "détenus" palestiniens jusqu’à la libération de Guilad Shalit (séquestré depuis près d’un an par des terroristes du Hamas).


Pour expliquer son plan, Lieberman a souligné que "ceux qui étaient liés à l’Axe du mal devaient en payer le prix, que ce soit sur le plan financier, politique ou sécuritaire". Evoquant les options adoptées à l’heure actuelle par le gouvernement israélien, il a estimé qu’elles admettaient la présence du mal et mettaient en danger l’avenir de l’Etat d’Israël.


Lieberman ne se contente pas d’un programme sur papier, il propose des actions concrètes, comme par exemple l’interdiction du transfert de marchandises ou de personnes, même s’il s’agit d’officiels palestiniens, entre la bande de Gaza et la Judée-Samarie. Cela signifie entre autres que les travailleurs palestiniens ne pourront plus quitter la bande de Gaza pour être employés par des Israéliens et que les impôts ne seront plus prélevés pour la région. En outre, le port d’Ashdod cessera lui aussi de lui livrer ses marchandises.


Quant à la définition d’entité indépendante hostile que propose Lieberman concernant la bande de Gaza, elle signifierait que "toute négociation avec l’Autorité palestinienne ne concernerait que la Judée-Samarie". "La bande de Gaza devrait avoir le même statut que la péninsule du Sinaï, a précisé Lieberman. Israël a cessé de fournir quoi que ce soit au Sinaï après son retrait, il n’y a aucune raison pour qu’il n’en fasse pas de même avec la bande de Gaza. Tant que le plan de désengagement ne sera pas achevé de cette façon, il perdra toute raison d'être. Il faut appliquer ce programme dès 2008".


"Tant que les liens ne seront pas totalement coupés avec Gaza, Israël devra agir d’une main de fer contre toute menace sécuritaire pesant sur le pays et oeuvrer par tous les moyens à sa disposition", a encore expliqué Lieberman. "C’est ainsi que doit se comporter un Etat souverain pour protéger ses citoyens face aux attaques ennemies. Si Sdérot est touchée, il faudra viser les quartiers résidentiels de Gaza".
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31 mai 2007 4 31 /05 /mai /2007 07:05
Elie Kling pour Arouts Sheva

5 Juillet 2005. Dans quelques semaines, les bulldozers recevront l'ordre de raser les villages du Goush Katif. Dans la grande salle de conférences de la Knesset, les membres de deux importantes commissions parlementaires, celle "des Affaires étrangères et de la Sécurité" et celle "de la Constitution et de la Justice", sont réunis. A l'ordre du jour: "les préparations du gouvernement à l'approche du désengagement"
Sont présents pour répondre aux questions des députés: le Premier ministre Ariel Sharon ainsi que les deux ministres concernés: Shaoul Mofaz, pour la Défense et Tsipi Livni pour la Justice. La parole est à Ehoud Yatom, député du Likoud, opposant déterminé de l'expulsion et, à ce titre, considéré par la presse comme l'un des chefs de file de ceux qu'elle nomme "les rebelles du Likoud"


"Monsieur le Premier ministre, qu'en est-il de la protection des villages et agglomérations situés en bordure de la bande de Gaza? Il semble que rien n'ait été fait pour assurer leur protection alors que, selon toute vraisemblance, les missiles Kassam s'abattront sur la région dès que Tsahal se sera repositionné à l'extérieur de la zone, conformément à votre plan?


- En ce qui concerne nos soldats, Tsahal a pris toutes les mesures pour que les nouveaux camps militaires répondent aux précautions sécuritaires exigées par le redéploiement.

- Je parlais de la population civile. Protéger les soldats en laissant les civils exposés, n'est-ce pas contraire à la conception sécuritaire traditionnelle d'Israël?

- Le ministre de la Défense va vous répondre. Shaoul?

- (Mofaz) La question ne fait pas partie de la liste qui m'a été remise avant la réunion. Je ne suis pas tenu d'y répondre.

- Les ministres se doivent de répondre à toutes les questions qui leur sont posées par les représentants du peuple, pour autant que celles-ci ne s'écartent pas de l'ordre du jour, même si elles ne figurent pas sur la liste qui leur a été remise auparavant.

- Je n'en suis pas sûr. Qu'en pense le président de la commission?

- (Youval Steinitz:) La question d'Ehoud mérite d'être posée. Le ministre de la Défense est prié d'y répondre.

- O.K. Sur une largeur de 7 kilomètres en bordure de la bande de Gaza, nous avons établi une liste de 46 villages que nous nous chargeons de protéger.

- Que comprend cette protection?

- Les institutions éducatives et les autres bâtiments publics.

- Qu'en est-il des abris et des chambres de sécurité dans les immeubles privés?

- Cela ne fait pas partie de nos priorités.

- A combien estimez-vous le coût de cette protection partielle?

- 210 millions de Shekalim.

- Et combien, au jour d'aujourd'hui avez-vous déjà investi dans ce projet?

- 30 millions

- A ce train là, les villages seront-ils protégés, même partiellement, le jour de l'évacuation.

- Non, je ne pense pas.

- (Effy Eitam, Mafdal:) Le plan de protection inclut-il Ashkelon?

- Je viens de dire qu'il s'agit d'une bande de 7 kilomètres. Ashkelon est donc en dehors de cette zone.

- Elle n'est donc pas considérée comme étant menacée par le redéploiement?

- Pas pour le moment.

L'officier supérieur Motty Yoguev était présent, invité pour sa connaissance du dossier. Il prend alors la parole:
- Je ne comprends pas d’où viennent ces 7 kilomètres. La portée des missiles est d'ores et déjà de 10 kilomètres! Je suggère que le gouvernement repousse l'évacuation jusqu'à ce que la protection de tous les villages concernés soit assurée.

- (Yatom:) Je n'ose pas comprendre: vous comptez réellement évacuer bien avant que les civils ne soient protégés?

(Mikhael Eitan, président de la commission de la Constitution et de la Justice):
- Ehoud, si tu pouvais abréger, nous siégeons déjà depuis près de 5 heures.

- J'aimerais entendre la réponse du ministre, si tu permets.

- (Mofaz:) Il est exact que d'habitude Tsahal assure la protection des populations civiles. Il est tout aussi exact de dire qu'en l'occurrence, celle-ci n'est pas intégralement assurée. Mais c'est provisoire. Nous ferons ce qu'il faut pour apporter les réponses satisfaisantes par la suite. Quant à la proposition de Motty, la réponse est non. Il est hors de question de repousser la date du désengagement tant que les villages en bordure de la bande de Gaza ne seront pas sécurisés. Pour différentes raisons, la date prévue ne doit pas être modifiée.


Ariel Sharon:
- Il est temps, il me semble, de conclure. J'ai pris beaucoup de plaisir à participer à cette réunion. Je remercie tous les participants pour le sérieux dont ils ont fait preuve. Nous nous retrouverons certainement pour d'autres réunions ultérieurement.


Pour ceux qui en douteraient, je tiens à préciser que les lignes ci-dessus sont extraites du protocole de la réunion. C'est ainsi que, en toute connaissances de cause, le gouvernement décida que l'expulsion de Katif se fera en temps voulu et tant pis pour Sdérot! Par ailleurs, Omri Sharon s'arrangera 6 mois plus tard, au comité central du Likoud pour régler les comptes de la famille avec les "rebelles" Ehoud Yatom et Ouzi Landau seront ainsi écartés de la liste électorale. Sur les nombreux milliards (8 milliards? 10 milliards?) gaspillés pour réaliser l'idée géniale de l'évacuation (qui eut comme premier et immédiat effet de porter le Hamas triomphant à la tête de l'Autorité Palestinienne), 210 millions de Shekalim seulement auront donc été prévus pour protéger Sdérot et les environs. Le journal titre ce matin que la Cour Suprême vient d'obliger le gouvernement à consentir une rallonge de 190 millions pour la construction de nouveaux abris. Les ministres, eux, n'en comprennent apparemment pas l'urgence. Mofaz, Livni et les autres sont d'ailleurs toujours au gouvernement, merci pour eux. Ils se voient même prendre bientôt la place d'un Olmert vacillant sur son trône. Ce qui ne les empêche pas, à l'occasion, de faire un petit tour du côté de Sdérot, pour exprimer aux habitants toute leur sympathie ainsi que leur entière solidarité.


C'est-y pas beau, la politique?
Arrêtez moi si je dis des bêtises….
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27 mai 2007 7 27 /05 /mai /2007 06:39
25 mai 2007 - Par Emmanuel Navon, professeur de relations internationales à l’Université de Tel-Aviv | Article paru aussi dans la revue Hérodote N° 124 - 1er trimestre 2007

Il y trois ans, Ariel Sharon surprit le monde avec sa décision de se "couper" des Palestiniens. Le moment et l’endroit qu’il choisit pour son coup de théâtre n’étaient pas fortuits. Après l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne au printemps 2003, Georges Bush et -surtout- Tony Blair décidèrent de replacer la tentative de résolution du conflit israélo-arabe au centre de leur politique étrangère au Proche-Orient. 

 

Le Parti travailliste et l’opinion publique britanniques n’avaient pas admis que leur Premier Ministre envoie les soldats de Sa Majesté en Iraq et ne fasse rien pour les Palestiniens. Tony Blair le dit d’ailleurs ouvertement à Georges Bush à l’époque : la Grande-Bretagne ne pouvait pas se permettre de s’engager auprès des Etats-Unis en Irak sans que les Etats-Unis ne prouvent aux opinions publiques arabe et européenne que la liberté des Irakiens ne leur était pas moins chère que celle des Palestiniens.

Ce scénario était similaire à celui qui suivit la première guerre du golfe : James Baker organisa la Conférence de Madrid en novembre 1991, car tel était le prix à payer pour le maintient de la délicate coalition que les Etats-Unis formèrent contre l’Irak. Les pays arabes de la coalition n’étaient prêts à soutenir les Etats-Unis pour la libération du Koweït que si les Américains étaient prêts à s’investir dans la "libération" de la Palestine. En 2003, la Grande-Bretagne avait besoin de prouver qu’elle ne pratiquait pas une politique de deux poids deux mesures au Proche-Orient. D’où la "feuille de route," ce document diplomatique publié en avril 2003 avec pour but de "résoudre le conflit israélo-arabe d’ici 2005."

Parrainée officiellement par les Etats-Unis, l’Union européenne, la Russie et les Nations Unies, la feuille de route plaça la résolution du conflit israélo-arabe sous l’égide de la communauté internationale. La feuille de route fut adoptée comme Résolution par le Conseil de Sécurité des Nations Unies en novembre 2003. Il s’agissait pour Israël d’un revers diplomatique. Après la Guerre de Kippour en 1973, un bras de fer diplomatique s’instaura entre les Etats-Unis et Israël d’une part, et entre l’Union soviétique et les pays arabes d’autre part. L’Union soviétique et les pays arabes voulaient imposer à Israël un retrait militaire par l’intermédiaire du Conseil de Sécurité. Les Etats-Unis souhaitaient quant à eux prouver aux pays arabes que le prix à payer pour un retrait israélien était la paix avec Israël et, surtout, le transfert d’allégeance de l’Union soviétique aux Etats-Unis.

Cette stratégie (conçue par Henry Kissinger) réussit avec l’Egypte, mais pas avec le reste du monde arabe. Avec la première Guerre du Liban (1981-82), la première Intifada (1987), et la première Guerre du Golfe (1991), l’aspiration arabo-soviétique d’imposition d’une "solution" par l’intermédiaire du Conseil de Sécurité marqua des points. La fin de la Guerre froide, la victoire américaine en Irak, et la volonté déclarée de James Baker de résoudre le conflit israélo-arabe réunirent les conditions pour la renonciation, par les Etats-Unis, à la stratégie de Kinssinger. D’où la Conférence de Madrid, à laquelle Israël n’accepta de se rendre qu’à condition que les Nations Unies n’aient pas l’autorité d’imposer aux parties une solution non-négociée du conflit.

C’est pourquoi la feuille de route constitua un revers diplomatique pour Israël, d’autant plus que trois de ses parrains internationaux (la Russie, l’Union européenne, et les Nations Unies) ont toujours ouvertement été plus enclins à soutenir les positions du monde arabe que celles d’Israël. Lorsque, le 19 novembre 2003, le Conseil de Sécurité adopte la feuille de route comme Résolution, il est clair que les Nations-Unies se sont emparées du dossier. Parallèlement, le 1er décembre 2003, des représentants de la gauche israélienne et de l’OLP signent à Genève un "accord de paix" virtuel, qui semble offrir une alternative à la politique du gouvernement israélien.

Ariel Sharon sent alors la pression tant de l’extérieur (la feuille de route) que de l’intérieur (les accords de Genève). Il a perdu l’initiative et se sent encerclé. Cela n’est pas du goût de ce stratège qui aime surprendre et déteste être surpris. Sa traversée légendaire du Canal de Suez et son encerclement de l’armée égyptienne pendant la Guerre de Kippour sont étudiés jusqu’à aujourd’hui dans les écoles militaires. Trente ans plus tard, il sent de nouveau qu’Israël est menacée si elle ne prend pas une initiative audacieuse. Il s’agit cette fois-ci d’une initiative diplomatique et non militaire, mais l’idée est la même : surprendre et encercler. Par ailleurs, on ne saurait faire abstraction du fait que Sharon est personnellement menacé au même moment par une enquête de police sur le financement de sa campagne électorale pour le leadership du Likud en 1999 et sur son intervention, en tant que Ministre des Affaires étrangères du Gouvernement Nétanyahou, en faveur de son fils pour l’obtention d’un contrat immobilier en Grèce. La presse commence à parler de la fin de Sharon, mais Sharon sait que cette même presse (ainsi que le Procureur du Gouvernement) le "gracieront" dès qu’il revêtira l’uniforme du "de Gaulle israélien."

Le 18 décembre 2003, Ariel Sharon doit prononcer son "Discours d’Herzliyah." La Conférence d’Herzliyah est une réunion annuelle où les plus grandes sommités israéliennes et internationales discutent des problèmes géopolitiques, économiques et démographiques d’Israël, avec pour but de proposer des solutions concrètes et des plans de travail pour le gouvernement. Les intervenants incluent le Premier Ministre, le Chef d’État major, et des experts dûment sélectionnés, tant Israéliens qu’étrangers. Fondée en 2000 par Uzi Arad, la Conférence d’Herzliyah s’est rapidement imposée comme un forum prestigieux, au point que le discours annuel du Premier Ministre est devenu l’équivalent israélien de l’Etat de l’Union ou du Discours du Trône. C’est dans son "Discours d’Herzliyah" qu’Ariel Sharon avait annoncé en décembre 2002 son accord de principe avec la vision exprimée par Georges Bush dans son discours du 24 juin 2002 -un discours dans lequel, pour la première fois dans l’histoire du conflit israélo-arabe, un Président américain défendit l’idée d’un État palestinien. Le fait qu’Ariel Sharon déclare accepter la création d’un État palestinien constituait une révolution copernicienne.

La première Conférence d’Herzliyah se réunit alors que vient d’éclater la guerre d’Arafat et que le processus d’Oslo, entamé sept ans plus tôt par la gauche israélienne, est discrédité. Uzi Arad est issu du Mossad et fut le conseiller politique du Premier Ministre Nétanyahou. La Conférence donne la parole, entre autres, à Uzi Dayan, à Dan Schueftan, et à Arnon Soffer. Leur message est similaire : il faut se séparer des Palestiniens. Uzi Dayan est alors Directeur du Conseil pour la Sécurité nationale. Dan Schueftan est politologue et Arnon Soffer démographe -tous deux de l’Université de Haïfa. Cela fait plusieurs années que ces deux universitaires mettent en garde contre la menace démographique arabe et qu’ils plaident pour la construction d’un mur entre Israël et les Palestiniens. La gauche les traite de racistes, la droite répudie leur appel à diviser physiquement la patrie. Comme Uzi Arad, Dan Schueftan se définit comme un réaliste pour qui seul importe l’intérêt national et qui méprise l’idéalisme, qu’il soit de gauche (la paix kantienne au Proche-Orient), ou de droite (l’intégrité de la Terre d’Israël).

Le "message réaliste" est en substance le suivant : 1) Le retrait des ou de territoires conquis en 1967 par Israël n’aboutira pas à la paix avec les Palestiniens (contrairement à ce que pensait la gauche) car les Palestiniens n’aspirent pas à un Etat pacifique en Cis-Jordanie et à Gaza, mais à la destruction d’Israël ; 2) Garder les territoires conquis par Israël en 1967 est impossible (contrairement à ce que pensait la droite), car ils constituent une bombe démographique. Il faut donc renoncer et aux territoires et à la paix. Concrètement, il faut construire une muraille de Chine entre Israël et la barbarie arabe, et réinvestir les ressources de l’État juif dans la science et la culture.

Ce message devient l’un des leitmotivs de le Conférence d’Herzliyah. Il gagne progressivement en légitimité au sein de l’intelligentsia israélienne, alors que celle-ci était jusqu’alors en majorité acquise à la théorie des territoires contre la paix. Certains intellectuels tels que Shlomo Avinéri, le prestigieux politologue de l’Université hébraïque, et Amnon Rubinstein, le non moins prestigieux professeur de droit et ancien ministre, admettent l’échec d’Oslo et se démarquent de la gauche post-sioniste. De même qu’il y a un "Consensus de Washington," on peut à présent parler d’un "Consensus d’Herzliyah." C’est à Herzliyah qu’experts et têtes pensantes forgent le nouveau projet géopolitique d’Israël. Mais ce projet n’a pas encore été adopté par les décideurs et par le Premier Ministre.

Le discours d’Ariel Sharon à la quatrième Conférence d’Herzliyah (décembre 2003) constitue donc pour Uzi Arad une divine surprise et une rétribution. Sharon fait allusion aux Accords de Genève : ils répètent l’erreur d’Oslo et conduiront au même échec. C’est la feuille de route qui a été acceptée par les gouvernements élus, et c’est elle seule qui servira de base à un futur accord de paix avec les Palestiniens. Israël a rempli et continue de remplir ses obligations telles qu’elles ont été définies par la feuille de route. Sharon se tourne ensuite vers les Palestiniens : nous ne voulons ni vous occuper ni vous diriger ; nous voulons que vous soyez indépendants dans votre propre État. Nous espérons que votre gouvernement, comme le mien, fera tout pour faire avancer la feuille de route afin que vous puissiez obtenir votre État. Mais si, dans les prochains mois, nous voyons que l’Autorité palestinienne ne fait rien pour remplir ses obligations telles que définies par la feuille de route, alors Israël initiera un processus unilatéral de séparation des Palestiniens. Nous préférons la négociation, mais nous n’avons pas l’intention de laisser la société israélienne être l’otage des Palestiniens. Israël construira une barrière entre elle et les Palestiniens, et certains villages juifs seront déplacés et délocalisés. La barrière ne constituera pas une frontière politique mais une frontière de facto jusqu’à la reprise des négociations en vertu de la feuille de route. Les villages juifs délocalisés seront ceux qui n’auraient pas été intégrés à l’État d’Israël dans le cadre d’un accord de paix. Les Palestiniens ont plus à gagner dans le cadre d’un accord de paix, et la balle est dans leur camp. Mais nous ne les attendrons pas éternellement et ne les laisserons pas nous tenir en otages. Merci, et bonne fête de Hannoukah.

La salle est saisie de stupeur, et Uzi Arad se lève pour conclure la conférence. "Monsieur le Premier Ministre," lui dit-il, "je souhaite m’adresser personnellement à vous en guise de conclusion. Vous avez fait allusion dans votre discours à David Ben-Gourion, qui a disparu il y a exactement trente ans. C’était un grand dirigeant, qui savait prendre des décisions difficiles. C’était un homme d’État au sens noble du terme, et nous avons beaucoup à apprendre de lui. L’histoire de l’État d’Israël est dans une large mesure votre histoire personnelle, celle de votre combat comme soldat, comme officier, comme homme d’État et comme Premier Ministre. Vous vous trouvez dans une position unique. Seul celui qui porte sur ses épaules la responsabilité du pays peut ressentir certains moments historiques et prendre des décisions historiques, telles que celle que vous avez présentée dans votre discours. À la Conférence d’Herzliyah, nous analysons les problèmes, mail vous seul pouvez prendre les décisions. Je vous souhaite tout le succès dans la nouvelle politique que vous venez d’annoncer, car ce succès sera le nôtre."

Le nouveau projet géopolitique d’Israël est lancé, avec le soutient très large des universitaires, des hommes d’affaires et des média. Son but est de "libérer" Israël du fardeau palestinien, de négocier les termes de la séparation avec les Etats-Unis, et de réinvestir les énergies nationales dans l’économie et l’éducation. Beaucoup s’accordent à dire qu’il s’agit là de la seule issue possible à l’éternel imbroglio moyen-oriental, et que seul Ariel Sharon peut mener à bien ce projet ambitieux.

Ariel Sharon charge le Conseil de la Sécurité nationale de formuler les détails de ce qui est à présent nommé le "plan de désengagement." Dov Weissglass, ami, avocat et chef de Cabinet du Premier Ministre, centralise la mise en place du plan de désengagement. Certains affirment qu’il en aurait été l’instigateur. Il négocie directement avec Condoleezza Rice le soutient américain.

En avril 2004, le plan est annoncé. Il diffère de ce qu’avait annoncé Sharon quatre mois plus tôt. Loin de "séparer" Israël des Palestiniens, le plan ne prévoit que le démembrement des localités juives de la Bande de Gaza ainsi que quatre localités juives au nord de la Samarie (la Bande de Gaza est déjà séparée d’Israël par une clôture depuis plusieurs années). Alors que Sharon avait parlé de "re-localisation" des localités juives, celles-ci seront en réalité rasées sans être reconstruites à l’intérieur d’Israël. Le plan prévoit le maintient de la présence militaire israélienne à la frontière entre la Bande de Gaza et l’Égypte (en pratique, Israël se retirera de la frontière en septembre 2005). Le plan affirme que la Bande de Gaza sera "démilitarisée" après le retrait israélien, ce qui est un vœu pieux à la limite du grotesque : comment Israël pourra-t-elle empêcher la militarisation de la Bande de Gaza après le retrait, alors même qu’elle n’avait pas réussi à empêcher cette militarisation avant le retrait ? Israël continuera de pourvoir la Bande de Gaza en eau et en électricité, et les Palestiniens de la Bande de Gaza pourront continuer de travailler en Israël : on est loin de la "séparation" annoncée par Sharon.

Arafat meurt le 11 novembre 2004 et avec lui l’idée qu’il n’y a aucun espoir de négociation avec les Palestiniens. C’est en effet le refus obstiné d’Arafat de brider le terrorisme palestinien qui avait convaincu Sharon à agir unilatéralement. Mais une fois Arafat disparu, la logique même du retrait unilatéral perd de sa pertinence. Uzi Arad publie le 17 novembre 2004 un article dans Haaretz, appelant à revoir la stratégie du désengagement. Les Européens, explique-t-il, commencent déjà à faire pression pour passer à la deuxième étape de la feuille de route (la négociation entre Israël et les Palestiniens) avant même que les Palestiniens aient rempli les conditions de la première étape (le démantèlement des infrastructures terroristes). Israël s’oppose à cette tendance, mais en passant directement à l’une des étapes finales de la feuille de route (le retrait militaire et le démantèlement des structures et habitations juives au-delà de la ligne verte), Israël cautionne de facto l’"amnistie" souhaitée par les Palestiniens (obtenir un retrait israélien sans avoir à lutter contre le terrorisme). C’est le moment d’exiger des Palestiniens, explique Arad, de remplir leurs obligations et de lutter contre le terrorisme. Le plan de désengagement, dans les nouvelles circonstances, ne fera qu’accroître l’appétit des Palestiniens et la pression internationale sur Israël. Si Israël est prête à un retrait militaire sans que les Palestiniens aient rempli leurs conditions du contrat, pourquoi s’arrêter a la Bande de Gaza ?

Sharon ne veut rien savoir. Les électeurs de son parti, le Likud, ont rejeté le plan de désengagement dans un référendum interne, mais Sharon passe outre ce rejet, et ce contrairement à son engagement de respecter la décision de son parti. Il rejette également l’idée d’un référendum national. Il forme une coalition avec le Parti travailliste, ce même parti qui a essuyé un échec cuisant aux élections législatives de 2003 précisément pour avoir proposé un retrait unilatéral de la Bande de Gaza en cas de blocage des négociations avec les Palestiniens.

En décembre 2004, quelques jours avant la Conférence d’Herzliyah, j’organise à l’Université de Tel-Aviv un débat entre Dov Weissglass, Dan Schueftan et Uzi Landau. Dan Schueftan plaide pour la séparation d’avec Palestiniens depuis plus de vingt ans. Dov Weissglass a conçu le retrait de Gaza. Uzi Landa mène l’opposition à Sharon au sein du Likud. "Te souviens-tu, Dan" lance-t-il à Schueftan, "que tu m’avais approché il a plusieurs années pour signer une déclaration publique appelant à une séparation physique entre Israël et les Palestiniens ?" Schueftan opine. "Eh bien, j’étais prêt à signer (contrairement à Dan Méridor, d’ailleurs). Je suis pour la séparation. Mais ce plan que Dov nous a concocté n’a rien à voir avec une telle séparation. Je ne comprends pas ce qui est arrivé à Sharon, que j’ai par ailleurs toujours soutenu. Ce plan est absurde."

À la Conférence d’Herzliyah de 2004, Dov Weissglass plaide pour son plan (car c’est son plan) et il est vivement critiqué par Yaacov Amidror, l’ancien directeur de l’École militaire. "Lorsque je discute de ce plan avec mes amis de gauche" explique Amidror, dont les positions politiques sont clairement à droite, "ils n’ont pas un seul argument convaincant pour justifier le retrait unilatéral de Gaza. Ils admettent que ce plan est stratégiquement absurde. Et quand je leur demande : ’alors, pourquoi le soutenez-vous ?’ ils me répondent : ’parce que nous voulons virer les colons et que seul Sharon peut briser ce tabou. La gauche n’aurait pas pu faire ce que Sharon est en train de faire, et donc nous le soutenons."

En août 2005, Sharon passe à l’acte. Israël évacue près de 10,000 habitants juifs de la Bande de Gaza et du nord de la Samarie, et rase 22 localités. Les synagogues, restées en place, sont saccagées et brûlées par les Palestiniens. En novembre, Amir Peretz est élu à la tête du Parti travailliste et met immédiatement fin à la coalition présidée par Sharon. Des élections anticipées sont fixées au mois de mars 2006 et Sharon quitte le Likud pour former un nouveau parti, Kadima, dont le but déclaré et de poursuivre la politique de désengagement. Le 4 janvier 2006, Sharon est victime d’une hémorragie cérébrale et est remplacé par Olmert.

Le 24 janvier, Olmert prononce le "Discours d’Herzliyah" à la place de Sharon. Nous sommes littéralement à la veille des élections législatives palestiniennes. Olmert s’adresse aux Palestiniens : "Les élections qui se tiendront demain dans l’Autorité palestinienne sont une occasion historique pour les Palestiniens de réaliser leur aspiration à l’indépendance dans le cadre de leur propre État. Les Palestiniens ont rejeté en 1947 la proposition qui leur avait été faite d’établir un État. L’Histoire leur a offert d’autres occasions d’établir un État. Mais ils ne pourront saisir cette occasion que sur la base d’une renonciation partielle à leurs rêves nationaux, de la même manière que nous avons renoncé à une partie de nos rêves nationaux. Dans les élections qui se tiendront demain, les Palestiniens devront choisir entre deux voies : prendre leur destin en main ou se livrer encore une fois aux extrémistes." La réponse à l’appel d’Olmert est claire : le Hamas, qui plaide et agit ouvertement pour la destruction d’Israël, remporte les élections avec une écrasante majorité.

Du fait de la victoire du Hamas, la politique de retrait unilatéral a à la fois gagné et perdu en crédibilité. Elle a gagné en crédibilité car la victoire du Hamas confirme qu’Israël n’a pas avec qui négocier et doit donc agir unilatéralement. Mais elle a également perdu en crédibilité, car la victoire du Hamas est en partie due au retrait israélien de la Bande de Gaza. Les sondages révèlent en effet que l’électorat palestinien est convaincu du fait que c’est le terrorisme du Hamas et non les négociations byzantines de l’OLP qui on chassé les Israéliens. Par ailleurs, la politique de séparation et de retrait unilatéral s’avère être une arme à double tranchant pour Israël. D’un côté, elle soulage Israël de ses angoisses démographiques et diminue significativement le nombre des kamikazes palestiniens dans les rues israéliennes. Mais d’un autre côté, elle livre des territoires contigus aux centres névralgiques d’Israël à des organisations terroristes armées soutenus par des États comme l’Iran et la Syrie. Une politique de retrait face à un islamisme militant est perçue comme un acte de faiblesse par le Hamas, le Hizballah et l’Iran, qui n’ont que faire de compromis territoriaux et pour qui l’élimination d’Israël est un devoir religieux. Le texte officiel publié par le gouvernement israélien en avril 2004 sur le plan de désengagement stipulait entre autres que "L’espoir est que les Palestiniens prendront l’avantage de l’opportunité créée par le désengagement afin de briser le cycle de la violence et réengager un processus de dialogue." Or c’est précisément l’inverse qui s’est produit.

C’est dans ce climat d’incertitude et de confusion que le parti Kadima remporte une faible majorité aux élections législatives de mars 2005. Le gouvernement de centre-gauche constitué par Olmert a officiellement pour but de poursuivre la politique de désengagement, une politique sur laquelle les Israéliens ont de sérieux doutes, sans pour autant voir quelle est l’alternative. Olmert fait un tour des capitales pour obtenir le soutient des Etats-Unis et de l’Europe, mais en vain. À son retour, un soldat israélien, Gilad Shalit, est enlevé en plein cœur d’une base militaire israélienne mitoyenne de la Bande de Gaza par des Palestiniens qui se sont infiltrés par un tunnel souterrain. Depuis plusieurs semaines, les tirs de roquettes en provenance de la Bande de Gaza atterrissent en plein cœur de la ville israélienne de Sdérot. Israël a quitté Gaza, mais Gaza n’a pas quitté Israël. Un an à peine après s’être retiré de Gaza, Tsahal reçoit l’ordre d’y revenir pour mettre fin aux tirs de roquettes et libérer Gilad Shalit.

Puis c’est le Hizballah qui s’incruste en territoire israélien et capture deux soldats de Tsahal. Olmert répond par une guerre aérienne de plus d’un mois qui n’atteint aucun des objectifs fixés par le gouvernement : les soldats israéliens capturés n’ont pas été libérés et le Hizballah n’est pas désarmé. L’armée de l’air israélienne n’a pas réussi à mettre fin aux tirs de roquettes du Hizballah, qui pendant un mois ont ravagé le nord d’Israël et fait de nombreuses victimes.

La conclusion est claire : les retraits unilatéraux d’Israël (du Liban en 2000 et de Gaza en 2005) ont généré des dangers graves auxquels Israël n’a pas de réponse militaire aérienne. Conçus pour prouver les bonnes intentions d’Israël et pour convaincre les Palestiniens qu’Israël est prête à payer le prix territorial de la paix, les retraits unilatéraux ont eu l’effet inverse. Au lieu de rassurer les Palestiniens sur la bonne foi d’Israël, la politique de retrait les a en réalité renforcés dans leur conviction que le terrorisme marche et que la "libération" de la Palestine par étapes est une méthode fiable. Les intentions étaient bonnes : se conformer au droit international, prouver aux Palestiniens qu’Israël est réellement prête aux "compromis douloureux" souvent évoqués par Sharon, se sortir d’un guet-apens démographique, et répondre aux pressions d’une société israélienne qui se demande de plus en plus ce que ses soldats font au sud-Liban et à Gaza. Mais, comme le dit l’adage, la voie de l’enfer est pavée avec de bonnes intentions.

L’année 2007 marque le quarantième anniversaire de la Guerre des Six Jours, et le quarantième anniversaire des tentatives annuelles de trouver une solution territoriale à un conflit qui ne l’est pas. La conquête, par Israël, de territoires au-delà des lignes d’armistices de 1949 fut la conséquence et non la cause du conflit israélo-arabe. Si Israël se retirait de la totalité de ces territoires (ce que n’exige pas la Résolution 242 du Conseil de Sécurité des Nations Unies), le Hamas (qui dirige l’Autorité palestinienne) continuera d’en appeler à la "libération" du reste de la Palestine (et d’agir en ce sens), et Ahmadinejad continuera d’œuvrer pour l’élimination de l’"entité sioniste" par l’arme nucléaire. Un retrait territorial israélien est peut-être une condition nécessaire mais certainement pas suffisante à la paix au Proche-Orient. Tant que les voisins d’Israël continueront de nier, pour des raisons idéologiques, le droit d’Israël à exister, les retraits territoriaux israéliens seront impuissants à établir la paix au Proche-Orient. De tels retraits, lorsqu’ils sont unilatéraux, ne font que renforcer la conviction des Palestiniens que la violence est efficace et le compromis inutile.

L’ancien ambassadeur de France en Israël, Gérard Araud, utilisa le mot "aporie," dans un entretien que j’eus avec lui, pour définir l’état actuel des relations israélo-arabes. Ce fut la première fois que j’entendis un haut représentant français admettre ne pas avoir de solution au conflit israélo-arabe. Le mot "aporie" décrit parfaitement la situation géopolitique d’Israël aujourd’hui : "Difficulté d’ordre rationnel paraissant sans issue."

Israël cherche une solution rationnelle face à des interlocuteurs qui pensent en termes mystiques. La rationalité porta ses fruits avec le Président Sadat et le Roi Hussein de Jordanie. Mais de tels dirigeants font cruellement défaut dans le Proche-Orient d’aujourd’hui. Ahmadinejad, Nassralah et les dirigeants du Hamas se déclarent être les représentants de la volonté divine sur Terre, une volonté qui d’après eux exige la reconquête sans compromis des terres d’Islam perdues, l’effacement d’Israël, et la conversion des infidèles. Face à cette démence, Israël et le monde chrétien n’ont d’autre issue que de se battre et de se renforcer dans leurs convictions. Les propos d’Oriana Fallaci et du Pape Bénédict XVI ont enragé les musulmans précisément parce qu’ils conjuraient l’Occident à avoir le courage de ses convictions, de sa foi et de ses valeurs. Le fait que de telles injonctions provinrent d’une athée déclarée et d’un Pape est révélateur : la fidélité à ses racines n’est pas nécessairement religieuse ; elle signifie avoir le courage d’être soi-même. Israël et l’Occident sont puissants économiquement et militairement, mais faibles idéologiquement. C’est sur cette faiblesse que joue l’islamisme -avec un succès certain.

Être fort et ferme dans son droit et ses valeurs est l’ultime ligne de défense d’Israël. Après la signature des accords d’Oslo, l’un de mes collègues proposa d’engager un dialogue avec un notable Palestinien récemment libéré de prison par Israël. Celui-ci refusa. Étonné, mon collègue lui demanda la raison de son refus. "Je suis un Musulman fidèle" lui répondit-il. "Après avoir étudié la Bible et le Coran, j’ai finis par comprendre que cette terre appartient à Israël, et que se révolter contre le droit d’Israël à sa terre, c’est se révolter contre Dieu. Mais Israël a un contrat avec Dieu et doit mériter sa terre. Or, lorsque j’étais dans la prison israélienne, j’ai vu l’un de mes gardes manger un sandwich pendant la Pâque juive. Je lui ai fait remarquer que cela était interdit d’après la Bible. Il m’a répondu qu’il s’en foutait. Depuis, je suis convaincu que les Musulmans peuvent gagner." À méditer.

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27 mai 2007 7 27 /05 /mai /2007 06:30
 
Sociologue et philosophe, Shmuel Trigano dirige la revue Controverses publiée aux éditions de l'Eclat, dont le dernier numéro est consacré aux "alterjuifs". A l'occasion d'une conférence organisée à Jérusalem sur le thème de la délégitimation d'Israël, il revient sur la signification de ce concept et sur le danger que représentent ces Juifs ennemis d'Israël.

- Que désigne le concept d'"alterjuif" et pourquoi lui avoir consacré un numéro de votre revue ?

- Nous souhaitions aborder un des phénomènes les plus importants des années 2000 : ce discours d'intellectuels s'exprimant "en tant que Juifs", qui a envahi les médias pour faire entendre, au nom de la morale juive et des leçons de la Shoah, une condamnation, au fond, de l'existence de l'Etat d'Israël, qualifié de bourreau nazi, et des communautés juives accusées de communautarisme. Les discours condamnant Israël à cette époque provenaient aux trois quarts de ces milieux-là. C'est un phénomène considérable qui demande à être analysé. Comment le définir ?

Ces milieux sont juifs, à n'en pas douter, mais ils ont choisi de se dissocier du peuple juif en situation d'adversité, pour l'accabler en se revendiquant d'un "autre" judaïsme. Le mot d'alterjuif est l'heureuse invention d'une des membres du comité de rédaction, Muriel Darmon.

Les groupes qui se sont formés à cette occasion se définissaient comme "une autre voix juive", un "judaïsme alternatif", etc. Face à ce discours, les Juifs tout court sont restés interdits. Nous avons voulu reprendre ce discours point par point et en faire l'analyse critique.

- S'agit-il d'un phénomène particulier à la France ou bien existe-t-il aussi en Israël?

- C'est un phénomène juif mondial allant des Etats-Unis à Israël. Ce genre de choses n'arrive qu'aux Juifs. On n'a jamais vu un intellectuel arabe se livrer à un tel jeu de massacre sur son propre peuple, se faire l'avocat de son propre abaissement, de surcroît dans une situation aussi grave.

Le post-sionisme s'y inscrit totalement dans la mesure où son projet est le démantèlement du peuple juif et de l'Etat d'Israël, leur ruine morale, intellectuelle et politique. Le projet post-sioniste a ceci de spécifique qu'il s'avance masqué derrière l'idéologie "droit-de-l'hommiste", qui pourrait bien être une mutation génétique du défunt marxisme, après l'effondrement de l'URSS. Je veux parler du postmodernisme. On y retrouve la même incompréhension du fait national.

Ce fut la défaillance la plus grande du marxisme. L'histoire a confondu cette défaillance qui a produit des millions de morts : après 70 ans de communisme, ce sont toutes les vieilles nations de l'Europe de l'Est colonisées par l'URSS, c'est la sainte Russie orthodoxe qui sont réapparues comme si rien ne s'était passé, confirmant la permanence du fait national.

C'est à ce moment-là du retour des nations, au moment où un nationalisme virulent secoue le monde arabe, que les post-sionistes demandent à Israël de se faire hara-kiri...

C'est à cette même contestation de la nation que se livrent les "nouveaux historiens" en déconstruisant le récit national juif, selon des méthodes très douteuses qui n'ont d'universitaire que le nom. Ces intellectuels ont perdu la mesure de la critique intellectuelle ou de la contestation politique. Plus profondément, ils ont perdu le sens de la réalité.

- Est-ce un phénomène psychologique (haine de soi juive), ou bien proprement politique?

- L'explication de la haine de soi est une explication psychologique dé-responsabilisante. Sans conteste, il y a une dimension pathologique dans ces discours où transparaît paradoxalement une véritable inflation du moi, qui part de la conviction de la toute-puissance des Juifs (et d'Israël).

Nous avons quelques textes de psychanalystes qui analysent ce syndrome, mais nous avons voulu y voir avant tout un acte politique et intellectuel. C'est à ce titre que nous avons analysé avec beaucoup de précision le discours de ces intellectuels et contesté leurs affirmations, qui prennent beaucoup de libertés avec la rigueur intellectuelle et la connaissance historique.

Nous avons, en effet, assisté à une perversion des critères de la morale et de la vérité, qui a campé les victimes en coupables et accusé les victimes des coups qu'elles recevaient. Leur responsabilité politique devant la société occidentale est immense, car ils ont contribué à étouffer la réalité de l'antisémitisme.

Les agressions antijuives annonçaient les émeutes qui ont secoué et secouent la France. En déniant l'existence de l'antisémitisme et en en accusant les Juifs eux-mêmes, ils ont endormi les réflexes de la société et sa vigilance face au djihad mondial.

- Quel rôle remplissent les alterjuifs dans le débat politique en France ?

- Ce qui s'est passé ces dernières années peut mieux être contemplé avec le recul. Les alterjuifs ont bénéficié d'une couverture médiatique quasi totale, tout en se plaignant d'être victimes de la censure "communautaire".

Ils ont pris en otage l'expression de la voix juive en se présentant en professeurs de morale juive, à un moment où l'Europe, et notamment la France chiraquienne, faisaient entendre une condamnation d'Israël, complaisante envers la cause arabe, pour des raisons à la fois internes (la présence d'une communauté arabo-musulmane très importante), et externes (s'opposer aux Américains).

Aucune autre opinion n'a pu s'exprimer en ces jours-là. La voix des alterjuifs apportait une confirmation de la condamnation. La pire des choses était que l'acte d'accusation était dressé par des voix juives. Mais, au fond, c'est vieux comme le monde...

- Pourquoi les alterjuifs consacrent-ils tant d'efforts à vouloir priver les Juifs du droit de parler de la Shoah?

- C'est que la Shoah les gêne beaucoup. Elle les gêne parce qu'elle rappelle que les Juifs ont été détruits dans la Shoah en tant que peuple, tandis que leur [celle des alterjuifs] vision pseudo-éthique d'un Israël "conscience" de l'humanité ne résiste pas à cette confrontation.

L'alterjudéité concerne en général des milieux juifs qui se sont éloignés de la vie juive. C'est leur droit ; néanmoins, ils ressentent une existence juive au grand jour comme une menace et une agression envers leur façon d'être, une monstruosité. Avez-vous remarqué que ce sont les Juifs vivants qui dérangent l'ordre du monde ? Les Juifs ont l'indécence de vivre après la Shoah et de rendre un coup quand ils le reçoivent !

- Existe-t-il un lien entre le phénomène alterjuif et la réalité politique israélienne ?

- Il ne faut pas oublier que le fléau en question est venu d'Israël. Depuis la fin des années 1990, les post-sionistes et autres nouveaux historiens se sont livrés à une entreprise méthodique de destruction symbolique d'Israël, accrédités par les chaires universitaires qu'ils occupent. Le coup ne pouvait pas être plus fatal. Si Israël le dit...

Sachez que ces livres sont automatiquement traduits en France. Comment voulez-vous que réagisse le public qui reçoit ces ouvrages ? Il les prend au sérieux. Il ne fait pas de doute qu'une société israélienne, dont les élites produisent un discours autodestructeur de ce type-là, est gravement malade.

- Quel danger représentent les alterjuifs ?

- Le danger concerne l'image de soi. On ne respecte que les gens qui se respectent. Montrer un tel visage, c'est lancer aux ennemis d'Israël, hélas fort nombreux, un signal très clair les poussant à l'attaque, en leur donnant le sentiment qu'il ne reste plus qu'à donner l'estocade finale pour en finir avec les Juifs.

Par ailleurs, leur discours pseudo-moral se fonde sur une injustice à base de mépris ethnique : ils pleurent sur le malheur palestinien - "péché originel" d'Israël -, mais restent cois sur l'injustice dont le monde séfarade a été victime de la part du monde arabe. L'Etat d'Israël n'a aucune dette envers le monde arabe et les Palestiniens.

Il y a eu un échange de populations et des spoliations bien plus importantes pour les Juifs issus du monde arabe. Leur souffrance, leur mémoire, leurs intérêts sont profondément bafoués par ce discours auto-accusatoire. C'est comme s'ils n'existaient pas alors qu'ils constituent la majorité de la population israélienne.

Les dimensions symboliques et culturelles sont capitales sur le plan politique : avant de détruire quelqu'un, on ruine son image morale, son prestige, de telle sorte que le frapper devient "normal". C'est ce qui est en jeu aujourd'hui : tous ces discours augurent-ils d'une entreprise de destruction à venir d'Israël ?
 
Shmuel Trigano
 
© Jerusalem Post en français


Mis en ligne le 24 mai 2007, par M. Macina, sur le site upjf.org
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17 mai 2007 4 17 /05 /mai /2007 09:01

   Maître Bertrand RAMAS-MUHLBACH


La loi sur la citoyenneté israélienne du 1er avril 1952, entrée en vigueur le 14 juillet 1952, a consacré divers modes d’acquisition de la nationalité israélienne.

La nationalité israélienne a naturellement été réservée aux personnes nées sur le territoire israélien et aux personnes nées à l’étranger dont l’un des parents est israélien. Par ailleurs, le texte a préconisé des conditions pour l’acquisition de la nationalité israélienne aux personnes non juives en l’occurrence, une résidence sur le territoire israélien d’une durée au moins égale à 5 ans au cours des 10 dernières années et le renoncement à la précédente nationalité.

Enfin, pour ce qu’il en est des personnes d’origine juive, l’acquisition de la nationalité israélienne s’inscrit dans le cadre des dispositions de la « loi au retour » du 5 juillet 1950.

Ce dernier texte confère à tout juif le droit de venir s’établir en Israël comme immigrant (art 1er). L’intéressé reçoit alors un visa d’immigration et l’acquisition de la nationalité est automatique à moins que le Ministre de l’Intérieur ne s’y oppose en cas de participation à des activités hostiles aux personnes juives, de mise en danger de la santé public ou encore de la sécurité de l’Etat (art 2).

Cette « loi du retour » de 1950 a été amendée à deux reprises : tout d’abord la loi du 23 août 1954 a donné compétence au Ministre de l’Intérieur et non plus au Ministre de l’immigration pour s’opposer à la demande. Plus tard, la loi du 10 mars 1970 a étendu le bénéfice de la mesure aux membres de la famille (art 4-a loi 1950 issu de la loi de 1970) tout en précisant qui est juif et qui ne l’est pas (article 4-b issu de la loi 10 mars 1970) : est juif (en vertu du texte), toute personne née d’une mère juive ou qui s’est convertie au judaïsme sans appartenir à une autre religion.

En tout état de cause, pour les juifs de diaspora, le bénéfice de la nationalité israélienne est subordonné à la mise en œuvre d’un processus d’immigration et d’une volonté de s’établir en Israël.

Le problème se pose donc de savoir s’il convient toujours de lier la nationalité israélienne à la résidence sur le territoire israélien ou si au contraire, il ne conviendrait pas de rattacher la nationalité israélienne à la vocation initiale de l’Etat hébreu et au fonctionnement d’un univers mondialisé.

Dans la déclaration portant fondation de l’Etat d’Israël du 14 mai 1948, il est rappelé que le peuple juif a le droit d’être une nation comme les autres et d’être maître de son destin dans son propre état souverain. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les fondateurs de l’Etat ont entendu réserver la souveraineté de l’Etat à la seule nation juive afin d’éviter qu’un contrôle non juif de l’Etat ne remette en cause le devenir du peuple juif.

Or, dans la mesure où les juifs de diaspora font bien partie de la nation juive, il serait peut-être légitime de leur accorder la nationalité israélienne, dès lors qu’ils la sollicitent, alors même qu’ils n’entendent immédiatement s’établir en Israël.

L’immense majorité des juifs de diaspora est plus proche d’Israël que ne le sont certains citoyens israéliens qui ne cessent d’appeler à sa disparition. Il est donc nécessaire de faire d’Israël, dans un premier temps, la résidence spirituelle du peuple juif sans qu’il n’ait à s’interroger sur le point de savoir si Israël doit disparaître en raison d’une population juive locale insuffisante.


En tout état de cause, une telle adaptation de la loi sur la nationalité serait parfaitement compatible avec les règles d’un univers mondialisé : lorsque les chinois s’implantent économiquement dans les diverses les régions du monde, il n’entendent pas renoncer à leur nationalité. Lorsque les populations de l’hémisphère sud migrent vers l’hémisphère nord, elles n’ont aucune volonté de nier leur culture ou abandonner leurs traditions ancestrales. L’exemple libanais est à cet égard très intéressant : la population libanaise résidant au Liban s’élève à 3.6 millions personnes alors que la diaspora libanaise qui se monte à plus de 13 millions de libanais, ne souhaite pas abandonner les liens avec le pays d’origine.

En cas d’adaptation de la loi de 1952 aux règles nouvelles d’un univers mondialisé, les juifs de diaspora (sans pouvoir spécifique) pourraient être consultés par l’intermédiaire d’une assemblée des juifs de diaspora sur toutes questions intéressant le devenir de l’Etat, les frontières, et plus généralement les relations internationales.

Sur un plan strictement technique, une telle mesure ne seraient pas difficile à mettre en œuvre puisqu’un amendement de la loi de 1952 sur la citoyenneté israélienne datant de 1971 permet déjà à l’Etat Hébreu d’accorder le bénéfice de la nationalité israélienne à certaines personnes juives qui n’entendent pas résider en Israël. Il suffirait juste d’en systématiser la mesure et de confier aux agences juives dans le monde le rôle d’interface en l’Etat hébreu et les nouveau israéliens.

Bien évidemment, de telle dispositions ne contrediraient pas les prévisions Bibliques : car la terre d’Israël a vocation à revenir au Peuple d’Israël : « le pays que j’ai accordé à Abraham et Isaac, je te l’accorde et à ta postérité après toi ». (Genèse XXXV, 12).

Cette spécificité a été rappelé par Joseph lorsqu’il s’est adressé aux juifs qui demeuraient en Egypte : « D vous ramènera de ce pays dans celui qu’il a promis par serment à Abraham, Isaac et Jacob » (Genèse L, 24) et D a naturellement tenu sa promesse : « je suis l’Eternel ! Je veux vous soustraire aux tribulations de l’Egypte et vous délivrer de la servitude. Je vous introduirai dans le pays que j’ai solennellement promis à Abraham, à Isaac et à Jacob. Je vous le donnerai comme possession héréditaire » (Exode VI, 6-8).

Il est vrai que dans les prophéties d’Ezéchiel, les juifs doivent revenir physiquement en Israël : « vous demeurerez dans le pays que j’ai donné à vos père, vous serez pour moi un Peuple, et moi je serai pour vous un D » (Ezéchiel XXXVI, 28). Il en est de même pour Jérémie : « quand Babylone sera au terme de soixante dix ans pleinement révolu, je prendrai soin de vous et j’accomplirai en votre faveur ma bienveillante promesse de vous ramener en ces lieux » (Jérémie XXIX, 10).

Aujourd’hui, dans l’attente du retour prochain des juifs en Eretz Israël, ce qui importe c’est de figer définitivement le lien entre les juifs et la terre d’Israël et de placer Jérusalem au sommet de toutes nos joies (Psaumes CXXXVII, 5-6).

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